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 Rencontre inattendue [libre]

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Gabrielle de Manseau
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MessageSujet: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyMar 17 Aoû - 11:11

Déposant délicatement un petit bouquet de fleurs sauvages sur la tombe de son frère, Gabrielle soupira. Si la douleur de la perte de son frère était toujours aussi vive, elle avait apprit à vivre avec. Se muant le plus souvent en soif de vengeance, elle prenait aussi de temps à autre une forme de tristesse profonde qui la paralysait des journées entières.
Face à cette pierre tombale, une larme de honte glissa sur la peau pâle de la jeune femme. Car si elle avait put offrir une tombe digne de ce nom à son défunt frère, elle n’avait put directement le nommer de peur qu’un ennemi de la cause des royalistes puisse remonter jusqu’à elle. Mort pour protéger la monarchie, Philippe s’était retourné contre ses frères d’arme, contre ses supérieurs, contre l’armée complète. Et si Gabrielle était extrêmement fière de lui, jusqu’à ce que l’empire ne soit détruit, les seuls mots gravés sur la pierre seraient : « Ci-gît Philippe, frère bien aimé de Lielle. Mort avec honneur. » Et, jusqu’à ce que l’identité et la dignité ne soient réellement rendue au défunt, la jeune femme garderait cette honte en elle, profonde attache à sa mission. Faire tomber l’empire.

Se redressant, Gabrielle resserra les pans de la cape sombre qui la protégeait de la fraîcheur du soir. En effet, si les jours étaient encore ensoleillés, les nuits n’en étaient que plus froides. Sans doute était ce dut à un trop grand écart de température en un lapse de temps trop court, ce qui promettait de nouvelles vagues de maladies pour le peuple de Paris…
Cette fois, ce fut plus pour cacher son identité que pour s’abriter du froid qu’elle rabattit sa large capuche, faisant immédiatement disparaître son visage fin dans l’ombre.
Même si le crépuscule tombait, prendre trop de risque était exclus. Premièrement, de manière à ne pas faire de lien entre elle et la tombe de Philippe. Elle ne doutait pas que les espions à la solde de l’empereur fouinaient un peu partout dans l’espoir de trouver les traitres. Aussi ne devait-elle pas attirer l’attention sur sa personne… Et deuxièmement, pour la bonne et simple raison qu’une femme promenant seule dans les rues finirait par attirer les truands des environs. Or, si elle savait se défendre, elle n’était pas d’humeur à tenter le diable. Elle le faisait déjà suffisamment en s’exposant aux yeux de Napoléon et de sa cour tout au long du jour…

Traversant comme une ombre le cimetière de Vaugirard, la jeune femme sourit l’espace d’un moment. Elle en était certaine, si quelqu’un la voyait s’éclipser comme ça, des rumeurs de fantômes risquaient d’envahir le quartier. C’était d’ailleurs si fréquent que si la jeune femme devait les écouter, jamais plus elle n’oserait poser le pied dans cet endroit.
Poussant la grille du cimetière, elle sortit en se faufilant et partit en direction du centre de la ville. En ce qui la concernait, sa soirée n’était pas finie. Et avant qu’elle ne rentre chez elle, Gabrielle avait bien l’intention de faire un petit détour.

Traversant les rues et ruelles de Paris d’un pas sûr et rapide, elle ne se fit pas remarquer par les badauds. Et pour eux qui l’aperçurent, sa tenue leur fit bien comprendre qu’il ne valait mieux pas s’en mêler. Une personne qui marchait de cette manière et qui s’habillait de façon à ne pas être reconnue ne devait attirer que des ennuis. Et bien que dans son cas, ce ne soit pas complètement vrai, ce n’tait certainement pas complètement faux non plus…

Et alors qu’elle approchait de la taverne de l’Aigle, le vent se mit à souffler plus fort, faisant gonfler sa cape et laissant apparaître le bas de sa robe. Longue robe aux teintes argentées, elle était bien sûr en accord avec la mode du moment. Car même si elle était de sortie, Gabrielle savait qu’elle devait respecter son rang et garder une tenue adéquate au cas où elle rencontrerait une personne de haut rang. Même si elle doutait qu’elle en trouve à la taverne… Rabattant la cape contre elle, elle se dépêcha d’entrer dans le bâtiment surpeuplé.

Immédiatement agressée par la fumée qui régnait dans la pièce, Gabrielle toussa discrètement tandis qu’elle retirait la cape humide qui l’avait cachée jusque là. Plutôt à l’aise dans cet endroit, elle se dirigea directement vers le bar qui trônait au fond de la pièce, encerclé de tabouret. Avançant de manière fluide, la jeune femme sentit le poids de plusieurs regards se poser sur elle. C’était inévitable dans ce genre d’endroit, surtout lorsqu’on était une jeune femme seule, bien habillée et agréable à regarder. Souriant, elle savait qu’au rez-de-chaussée, personne ne la reconnaîtrait. Les personnes puissantes se réservaient un salon à l’étage de manière à être tranquille et loin du petit peuple. Pour sa part, elle se contenterait d’une table dans un coin de la salle dès qu’elle aurait été saluer le tavernier et commander une boisson. En effet, cet endroit lui était familier, et si au départ elle ne venait ici par simple plaisir de regarder le beau tavernier, à présent, c’était surtout pour y retrouver l’ambiance chaleureuse et joyeuse des lieux.

S’installant à la table la plus reculée, la jeune femme entreprit de siroter son whisky en observant rêveusement les personnes qui jouaient un peu plus loin à la bataille corse. Mais alors qu’elle laissait son regard planer sur les visages inconnus, elle faillit s’étrangler en croisant un regard connu. Jamais, elle n’aurait penser retrouver cette personne seule, ici dans cette taverne. Se reprenant, elle observa la personne traverser lentement la salle et venir à sa rencontre...
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyMar 17 Aoû - 23:21

[HRP : Puis-je?]

La mission de la jeune dragonne avait encore été victorieuse. Enfin, c'était plutôt une mission banale, qui n'avait finalement rien à voir avec les glorieuses campagnes de l'Aigle, lorsque son envie de vol couvrait l'Europe entière. C'était, pour la jeune femme, la promesse de bien excitantes batailles, où rien d'autre ne comptait que de suivre le Maréchal Ney et le fil de son sabre. Non, elle avait été chargée d'inspecter les frontières Est de l'Empire, notamment vérifier que ces salopards de Prussiens se tenaient tranquilles. Une mission normalement assurée par les éclaireurs de la cavalerie et l'infanterie légère, pas par les dragons, cavalerie lourde et virile, qui avait fait bien des misères à la population française, quelques années auparavant. C'est pourquoi le duc de Normandie pensait que c'était probablement sa dernière mission avant le lancement d'une nouvelle grande campagne de conquêtes. Qu'en tant que dragon, elle serait remisée, bien au chaud à la caserne, à profiter de la cour parisienne, à timidement essayer de faire bonne figure lors des bals, avec son grade de lieutenant.

Enfin, ce n'était pas forcément un mal, songea la jeune femme, tandis que le pas de son cheval accompagnait celui de son régiment, tranquillement, les rênes longues, la main éloignée de la garde de son sabre. Un peu de repos, surtout dans le cadre absolument magnifique du Paris du XIXème, ce n'était pas quelque chose qu'elle aurait volé. Elle avait confiance en l'Aigle. Ce repos ne serait pas une retraite définitive. Et puis... Elle eut honte en pensant que sous son uniforme lourd, les lèvres de sa plaie frottaient avec le tissu rugueux, lui arrachant de temps à autres un léger grognement. Cela lui permettrait de panser ses blessures... Elle avait été prise dans une embuscade de bandits de grands chemins. Evidemment, elle les avait massacrés. Mais la lourdeur de leur uniforme, les chevaux qui se rapprochaient plus des destriers des chevaliers du Moyen-Âge plutôt que le rapide coursier des éclaireurs de l'Empire, les avaient empêchés de réagir plus promptement. Elle avait été blessée et avait employé toute son ingénuité à le masquer. Cela n'avait été qu'une erreur de sa part, et elle ne s'autorisait jamais ce genre d'écart. Elle se maudissait. Deux jours de chevauchée, son dos n'était plus que douleur, et elle sentait un liquide poisseux glisser le long de sa peau, mélange de sang neuf et coagulé, et peut-être d'autre chose... Elle restait droite et sèche, comme les autres membres de son régiment, dont les vieilles habitudes les menaient à beugler quelques chansons paillardes, en l'absence d'un réel chef. Eux étaient contents de rentrer à la maison...

Enfin, il est cinq heures, Paris s'éveille... Les dragons, enveloppés dans cette crasse habituelle du voyage, traversèrent les artères principales, pour réintégrer leurs quartiers. Jaina porte sur son épaule, assez fièrement, l'étendard de l'Empire, et les passants les acclament. Les hommes lèvent leurs haut-de-formes à leur passage, les enfants courent à côté des chevaux, les yeux pleins d'étoiles en regardant leurs uniformes, les femmes agitent leurs éventails en souriant. Vive l'Empire, peut-on entendre. Oui, vive l'Empire, songea Jaina avec un léger sourire sur son visage fin et pâle.

Les Tuileries, le Champs de Mars, la caserne, dernière destination avant d'enfin pouvoir se débarrasser de la crasse, et tenter de soigner cette plaie en toute discrétion. Le sabot de son cheval frappe les dalles de la caserne, un peu nerveusement, et sa fidèle monture renâcle un peu, fatiguée du voyage, l'écume sur les lèvres et le poitrail. Les palefreniers émergent de leur sommeil, saisissent la bride des chevaux. Jaina descend, ses bottes frappant lourdement le sol, ravivant la douleur qui écorche la peau entre ses épaules. Elle grogne, encore, les yeux fermés. Elle remercie, la voix un peu rauque d'avoir voyagé dans le froid et le vent, le jeune palefrenier, et retire son casque, ébouriffant ses cheveux noirs, collés par la poussière et la sueur. Elle s'enfonce dans les quartiers qui lui sont réservés, deux pièces misérables, mais où elle avait toute son intimité. Ici, point de domestiques, de dames de compagnie, ou autre fioriture de l'étiquette, comme elle avait pu le voir dans son désormais lointain duché de Normandie. Elle était seule, et pour avoir un quelconque soin assisté, il lui faudrait crier fort et patienter en grommelant contre les hommes. Mais de toute façon, c'était hors de question qu'elle se fasse opérer ou quoi que ce soit, sans mettre en danger son secret. Jusqu'ici, elle n'avait souffert que de choses bénignes, ou ne nécessitant qu'un bref arrêt, le pire ayant été une fracture ouverte à la jambe. Fortune était avec elle, se plaisait-elle à penser.

Méthodiquement, elle retira son uniforme, le posa sur un fauteuil. Elle irait le porter à laver plus tard. Elle ôta sa chemise légère, d'un blanc devenu gris à force de batailles, s'assit sur le rebord du lit. Le miroir tâché qui était fixé au mur lui offrit la vision de son corps, un peu recroquevillé, fin, pâle, léger. Elle tremblait un peu. Il y avait les bandes blanches qu'elle utilisait pour bander ses seins, toutes tâchées de sang. La blessure était à moitié couverte par ces bandes, le reste était à l'air libre, et avait longuement frotté, ne pouvant donc cicatriser correctement. Elle esquissa une légère moue, puis retira les bandes, qu'elle jeta dans une poubelle métallique dans le coin de sa petite chambre. Elle se leva en grognant. Sur la table de nuit, un nécessaire à rasage, et un bol rempli d'eau. Elle dédaigna le blaireau et le coupe-chou, pour profiter de l'eau claire. Elle mit ses mains en coupe et s'en aspergea le visage, avec un grognement satisfait. Elle avait déjà meilleure mine, aperçut-elle en se relevant. Il lui fallait désormais trouver un établissement de bains... Mais son lit l'attirait inexorablement, comme la douce promesse de l'étreinte renouvelée de l'être aimé, depuis trop longtemps perdu de vue... Oh oui, qu'il avait l'air confortable, ce lit... Et la jeune femme s'y allongea, avec délice, en se promettant que non, cela ne durerait pas longtemps, juste assez pour qu'elle récupère de cette longue chevauchée... Et...

Et elle se réveilla dix heures plus tard, les membres gourds de fatigue, encore. Elle se redressa un peu violemment, en grognant et en jurant entre ses dents. Elle sauta dans ses bottes, saisit une veste légère qu'elle jeta sur ses épaules, se ceint de son sabre et sortit comme une furie de la caserne. Son grade de lieutenant lui autorisant quelques petits privilèges, elle put obtenir un cab qui la conduisit dans Paris même. Elle trouva des thermes, entra et se déshabilla très pudiquement. Elle se lava correctement, grognant de plaisir sous les jets d'eau chaude, veillant à ce qu'aucun militaire ne se trouve dans la salle au même moment qu'elle. Il aurait été probablement bien plus prudent pour elle de se vêtir en Jaina D'Arcy et non en Hippolyte d'Alençon, mais elle n'avait pas vraiment eu le temps de réfléchir.

Ne pouvant atteindre la zone blessée, elle se dirigea chez un chirurgien, avec des vêtements propres, masculins mais civils. Il ne posa pas vraiment de question, probablement fatigué de sa longue journée. Il lui demanda juste comment une blessure aussi profonde avait pu lui être infligée. Elle lui répondit évasivement, une très mauvaise chute à cheval. Il lui referma tout cela, sans que la jeune femme ne bronche.

La nuit était tombée. Rien ne le retenait à Paris, mais rien ne l'appelait forcément à revenir à la caserne. Le couvre-feu? Elle n'y était pas soumise. Aussi décida-t-elle, après avoir adopté un pas raide qui permettait à sa douleur de se taire légèrement, de passer quelques temps dans la capitale, à flâner. Elle prisa un peu de tabac, chose ô combien méprisée par la haute société - Les femmes ne prisent pas, sauf les filles de joie, c'est bien connu - et déambula le long de la Seine, un haut-de-forme à la main. Elle était vêtue d'une chemise et d'un gilet à la mode, plutôt sombre, et d'une belle redingote. Le tout assorti d'une lavallière bleue, d'un pantalon blanc immaculé et de bottes de cuir noir parfaitement cirées. Elle était dans son rôle de duc de Normandie. Hippolyte D'Alençon. Dernier seigneur de sa lignée normande.

Elle se lassa de cette promenade, à la lueur vacillante des lampadaires. Elle se rendit alors dans le premier établissement venu. La Taverne de l'Aigle? Le nom lui sembla plus que bienveillant. Elle poussa la porte, se glissa dans la foule vulgaire, la traversa, pour s'installer dans un recoin sombre. On lui fit porter de l'absinthe. Il était grandement l'heure pour ce genre de boisson. Elle plongea son regard sombre dans le liquide d'un vert séduisant, et s'en délecta. Une brûlure dans son sternum, qui la fit frissonner de plaisir, avant d'exploser dans son ventre en une douce chaleur. Alors qu'elle rouvrait les yeux, son attention fut attirée par une silhouette fine qui entrait dans la taverne, ôtant une cape humide. Elle fronça les sourcils. Elle avait déjà croisé cette jeune femme quelque part. Mais où? Les souvenirs lui semblaient flous. Visiblement, la jeune femme faisait partie de la noblesse, en tout cas, elle tenait un haut rang, en témoignaient le port impérial de son visage et sa robe. Jaina décida de glisser hors de son ombre, demandant une nouvelle fiole d'absinthe, se faisant remarquer par l'élégance de son habillement. Puis, elle se retourna, pour chercher la jeune femme du regard.

Son coeur rata un battement. Elle soutenait son regard et, le contact établi, Jaina eut la certitude que la jeune femme l'avait reconnu(e?). Elle resta fort digne, lui adressant un léger signe pour lui demander de l'attendre. Elle traversa lentement la salle, son verre à la main. Se retrouvant auprès d'elle, elle s'inclina comme l'exigeait le code, avec toute l'élégance et le respect que son rang demandait. Elle dit, à voix basse pour que personne ne puisse saisir ce qu'ils se disaient.

Hippolyte D'Alençon : - Mademoiselle, je vous souhaite le bonsoir. Je vous supplie de bien vouloir pardonner mon audace et surtout mon hésitation, mais il me semble que votre visage ne m'est pas inconnu. Malheureusement, ma mémoire me fait défaut et je ne parviens pas à mettre un nom sur ce regard.

Ce à quoi elle crut bon de rajouter, toujours à voix basse.

Hippolyte : - Je suis le lieutenant Hippolyte, 4ème régiment des dragons de l'Empereur, duc de Normandie.
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Gabrielle de Manseau
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyMer 18 Aoû - 2:12

Le regard vert qui plongea dans le sien ne lui était pas inconnu. Et si elle devait bien admettre que l’homme qui venait d’entrer possédait une beauté bien à lui, c’était surtout pour ses traits étrangement féminins qu’elle en avait gardé un souvenir plus marquant…
Car si Gabrielle aimait les hommes, ceux qui portaient l’uniforme retenaient toujours un peu plus son attention. Pour le charisme qu’ils dégageaient mais aussi, pour des raisons liées à Philippe. Et si elle ignorait toujours qui avait enlevé le dernier souffle de vie de son frère, elle espérait encore le découvrir...

Pourtant, le jour où Gabrielle remarqua le jeune homme ce fut alors que l’armée défilait dans les rues, en partance pour une mission ordonnée par l’empereur lui-même. Et alors qu’elle s’ennuyait au beau milieu de la cour impériale, elle s’était laissé distraire par le visage des hommes.
Et l’un d’eux retint plus particulièrement son attention. Sans doute fut ce son beau regard mystérieux ou encore son sourire charmant, mais elle ne s’attarda plus que sur lui jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans son champs de vision. Provoquant le gloussement de son amie Marie-Josèphe qui croyait avoir tout compris, Gabrielle se tourna vers elle en li murmurant :


« Qui est cet homme, là, dans le régiment des dragons… tout à droite ? »
« Ma chère Gabrielle… Vous aurait-il volé le cœur ? »
« Oh, mon amie, vous savez qu’il n’appartient qu’à l’empereur… »

Avec un sourire entendu, Marie-Josèphe lui indiqua qu’elle ignorait qui était cet homme, mais qu’elle devait bien admettre qu’il était charmant. Levant les yeux au ciel, Gabrielle reporta son attention sur le reste de la procession, mais son attention n’y était plus. Son esprit tentait encore de comprendre en quoi cet homme étrange avait retenu son regard…

Quittant son siège, elle se releva pour laisser le jeune homme la rejoindre. Et à présent, le voilà qui se trouvait non loin d’elle, s’approchant sans la quitter du regard. Et plus il se rapprochait, plus Gabrielle put discerner ses raits fins et son visage au teint pâle. Imberbe, il aurait put se faire facilement passer pour une femme s’il était accoutré d’un jupon. Gardant son verre de whisky à la main, Gabrielle attendit qu’il l’ait rejointe avant d’esquisser le moindre mouvement ou la moindre mimique. Elle devait tenir son rôle de noble, bien que tout indique que ses habitudes étaient tout autre… En effet, une baronne, seule dans une taverne méconnue, un verre d’alcool à la main et plutôt à l’aise… c’était plutôt insolite.

Pourtant, quand il s’inclina face à elle, sous les regards surpris du reste des personnes présentes, Gabrielle détourna vivement les yeux. Elle n’aimait pas ce genre de salut et encore moins dans ce genre d’endroit. Se reprenant rapidement, elle inclina la tête poliment pour lui rendre son salut. Elle n’en ferait pas plus car vraiment, elle se sentait observée de toute part et ne se sentait plus aussi à l’aise que quelques secondes au par avant…


- "Mademoiselle, je vous souhaite le bonsoir. Je vous supplie de bien vouloir pardonner mon audace et surtout mon hésitation, mais il me semble que votre visage ne m'est pas inconnu. Malheureusement, ma mémoire me fait défaut et je ne parviens pas à mettre un nom sur ce regard. Je suis le lieutenant Hippolyte, 4ème régiment des dragons de l'Empereur, duc de Normandie. "

A ces mots, Gabrielle comprit mieux comment elle le reconnaissait si bien. Il était le seul et unique héritier du duché de Normandie. L’homme que beaucoup de femmes essayaient de charmer pour obtenir ses faveurs et qui sait, à plus long terme viser un mariage intéressant.
Ecarquillant les yeux devant son manque de politesse face à ce haut dignitaire, elle entreprit rapidement d’esquisser un salut respectueux quoiqu’un peu maladroit.
Sans doute l’avait elle déjà rencontré lors d’un bal donné en l’honneur de l’empereur ou peut-être même de l’une de ses campagnes réussie.


« Bonsoir Monsieur le Duc… Veillez excuser ma froideur manifeste, la surprise de vous rencontrer en pareil lieu m’aura fait oublier toutes bonnes manières... »

D’un petit sourire plus doux, elle fit mine de s’en vouloir. Un peu comme l’aurait fait toutes les grandes dames de la cour. Pourtant, si Gabrielle mimait assez bien les coutumes de la cour, sa spontanéité naturelle laissait deviner qu’elle n’en était pas friande.

« Je suis Mademoiselle de Manseau, nos chemins se sont sans doute croisés à la cour de l’empereur… J’y ait été récemment recueillie… »

N’en ajoutant pas plus, elle lui proposa de s’asseoir à la table à laquelle elle s’était assise au par avant. Bien que ce ne soit qu’une invitation, la jeune femme voulait aussi retourner à son coin d’ombre. Ce n’était pas la peine de continuer à attirer les regards aux alentours. Et si la curiosité du jeune homme était aussi attisée que la sienne, Gabrielle ne doutait pas qu’il compte rester un petit moment…
Laissant le duc décider de ce qu’il comptait faire, elle baissa les yeux sur son verre de whisky, essayant de réfléchir rapidement à ce qu’elle allait faire.
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyJeu 19 Aoû - 8:42

Jaina avait donc traversé la salle. Elle savait que ce simple mouvement allait provoquer la levée des regards sur elle, sur son dos. En effet, la jeune femme, élégamment habillée, contrastait fortement avec le reste de la plèbe. C’était peut-être aussi son allure un peu dansante, flirtant allégrement avec les deux genres, oscillant avec jeu entre féminité et masculinité, qui attirait ainsi l’attention des autres clients de la taverne. Elle avait presque l’allure d’un lord anglais. Et que faisait donc un lord anglais dans une vulgaire taverne ? D’autant plus que la jeune femme qu’elle atteignait n’était visiblement pas non plus une fille de joie. De quoi susciter parmi l’assemblée presque une rumeur fébrile. Il va sans dire que la jeune femme dédaignait totalement les bruits de foule. Mais cela pouvait évidemment offusquer la jeune noble qui se trouvait face à elle. C’est en exécutant sa révérence que Jaina comprit son erreur, devant le regard légèrement gêné de la belle inconnue. Relevant le menton, le duc de Normandie adressa un regard circulaire à l’assemblée, les intimant au silence, une expression indescriptible au fond de ses prunelles vertes. L’assistance resta un moment interloquée, provoquant ainsi un instant de lourd silence, puis ils retournèrent à leurs occupations initiales, et la rumeur revint, ayant cette fois un autre sujet que leur rencontre improbable dans ce lieu.

Jaina aurait voulu se confondre en excuses, d’ainsi la mettre mal à l’aise, quand elle s’aperçut que la jeune femme détournait les yeux et mettait un court instant à se reprendre. C’était une grave erreur, à ses yeux, que d’ainsi troubler une femme, et elle s’en voulait. Mais agir ainsi aurait attiré l’attention sur les deux femmes. Elle avait suffisamment mis son interlocutrice dans l’embarras.

Quand elle se présenta, sous son identité masculine, elle sembla le reconnaître. Le duc en fut le premier surpris. Il ne s’attendait pas à avoir une telle « réputation ». Certes, il avait bien évidemment remarqué que les jeunes femmes, que ce soit des duchés alentours ou à la cour impériale, éprouvaient souvent rapidement plus que de la sympathie à son égard et, il fallait le dire, se pâmaient devant lui. Sa préoccupation principale, autrement dit la défense et l’expansion de l’Empire, et l’obsession de son secret, le détournant des aventures romanesques, il se servait de sa solide éducation pour décliner poliment, en prenant bien soin de ne pas heurter la sensibilité des jeunes femmes, leurs propositions. Il se persuadait que ces jeunes femmes auraient bien plus d’intérêts à aller courtiser d’autres nobles titrés, que de tenter de le séduire.

Toujours est-il que la jeune femme s’inclina, avec une maladresse qui fit gentiment sourire le duc.

Hippolyte : - Voyons, ma dame, je vous en prie.
Gabrielle : - Bonsoir Monsieur le Duc… Veillez excuser ma froideur manifeste, la surprise de vous rencontrer en pareil lieu m’aura fait oublier toutes bonnes manières...
Hippolyte : - Ce n’est rien. Pardonnez-moi de vous avoir ainsi abordée. J’aurais dû être bien plus discret.

La remarque de la jeune femme était fort pertinente. Il était bien rare que de voir des gens de la noblesse s’acoquiner avec la populace grouillante dans de tels endroits. Oui, la noblesse, Jaina devinait ce caractère à la fois dans les vêtements de la jeune femme et dans ses manières, codées par les exigences esthétiques de la cour impériale. A peine ses lèvres se plissèrent en un sourire, ne voulant faire montre de trop d’audace. Elle hocha légèrement la tête.

Hippolyte : - N’en soyez pas si étonnée, Dame. Aujourd’hui, je ne suis pas en mon duché, je suis simplement le lieutenant Hippolyte. Comme tous les soldats de l’Empire, je cherche simplement quelques loisirs pour mon esprit fatigué de chevauchée. Des loisirs peut-être prosaïques, mais que voulez-vous ? Après un certain temps de service dans l’armée, l’esprit autrefois avide de belles lettres, se contente du plus vulgaire des divertissements.

Il jeta un coup d’œil alentour. Ceux qui ne s’enivraient pas en riant trop fort jouaient aux cartes et à des jeux d’argent prohibés par la police. Les femmes étaient absentes de ce tableau trivial, ou alors étaient de mœurs bien légères. Il ne savait toujours pas qui elle était. La révélation fut comme un choc dans sa poitrine.

Gabrielle : - Je suis Mademoiselle de Manseau, nos chemins se sont sans doute croisés à la cour de l’empereur… J’y ai été récemment recueillie…

La fameuse baronne de Colombes ! Dont le mariage avait été compromis par la mort du futur époux. Le duc de Normandie en avait entendu, des vertes et des pas mûres, concernant ce drame, des rumeurs de cour, des potins, des choses qui au final ne l’avait pas forcément intéressé, occupé à bien d’autres choses plus urgentes. Mais on lui avait vanté les beautés de la baronne, et ces rumeurs venaient de se vérifier de visu. Le duc fit de son mieux pour ne pas rougir. Aussi fut-il ravi de la proposition de la jeune femme de rejoindre sa table, et l’ombre bienveillante pour les discussions de toutes sortes.

Hippolyte : - Je suis enchanté de faire votre connaissance, ma Dame la baronne. C’est en effet fort probable, votre visage me paraît familier. Je dois avouer que je ne suis guère un adepte de ce genre de festivités, mais parfois ma présence est requise, selon le bon plaisir de sa majesté. C’est cependant très étonnant. J’ai eu l’occasion d’avoir de splendides cavalières, et pourtant leurs visages m’échappent aujourd’hui…

Il tira la chaise à la jeune femme avant de s’asseoir lui-même, rejetant les pans de sa redingote derrière lui. Il posa sur la table son verre d’absinthe. La timidité, sournoise, s’était insinuée dans sa poitrine, et il était maintenant comme saisi, dans l’incapacité de produire une conversation intelligente. C’était un peu de sa personnalité féminine qui ressortait. Le duc de Normandie se reprit immédiatement, se forçant au calme. Il tourna son regard vert, tranquille, vers Gabrielle.

Hippolyte : - Madame, arrêtez-moi tout de suite si cela vous paraît réflexion trop audacieuse. Mais je dois avouer que je suis moi-même surpris de voir une dame de votre qualité dans un tel lieu, et ma curiosité est attisée. Vous êtes-vous ici aventurée seule ?
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyJeu 19 Aoû - 12:21

D’un regard du duc, tous les regards curieux disparurent comme l’envolée d’une nuée d’oiseaux effrayés. A la fois surprise et impressionnée par le charisme du jeune homme, Gabrielle écarquilla les yeux. Heureusement, il n’eut pas le temps de s’en rendre compte car quand il revint à elle, elle avait détourné les yeux. Enfin, ce n’était pas si heureux que cela car il put remarquer le court moment de gêne qui l’avait prise. Ainsi que sa faiblesse suite à cela…
Pourtant s’il le remarqua, il ne fit aucune remarque, ce qui arrangea bien la jeune femme. Elle en avait assez fait comme ça, mieux valait ne plus se faire remarquer…
Mais c’était sans compter sur la maladresse qui la prit tandis qu’elle le saluât. Il lui semblait par moment, que son éducation était un handicap, ici à Paris. Car si elle savait s’exprimer et manier une lame, ses manières de grande dame laissaient souvent à désirer. Des personnes bienveillantes parleraient alors de l’absence d’une mère ainsi que de l’abandon d’un père endeuillé. Mais cela ne changeait rien au problème, Gabrielle le savait.


-" Ce n’est rien. Pardonnez-moi de vous avoir ainsi abordée. J’aurais dû être bien plus discret."

Avant de ne dire quoi que ce soit, Gabrielle se mordit la langue. Elle avait envie de lui répondre qu’il avait raison, qu’à présent, elle n’était plus simplement une inconnue sans intérêt mais bien une dame du monde dont on devait soit se méfier soit détrousser la bourse. Mais elle ne pouvait parler de cette manière à un duc, pas sans y mettre les formes. Or, elle ne désirait pas essayer de le faire. Elle se contenta alors de répondre :

« Oh… Ne vous excusez pas, vous ne pouviez pas deviner que j’étais ici dans… l’anonymat… »

Car en effet, si le tavernier l’apercevait souvent depuis son arrivée à Paris, il ignorait tout de son identité ainsi que de son rang. Gabrielle avait jugé que pour le bien de tous et surtout le sien, il valait mieux ne rien laisser paraître. Laisser le mystère l’englober et ne donner aucun indice…
Pourtant, si la jeune femme lui en avait voulu quelques instants plus tôt, il lui sembla que tout n’était pas perdu. En effet, le lieutenant n’avait laissé aucune information filtrer. Donc, si elle faisait de même, son image resterait intacte aux yeux des clients et du tavernier. Elle pourrait ainsi continuer à venir sous le regard inquisiteur des autres habitués…


- "N’en soyez pas si étonnée, Dame. Aujourd’hui, je ne suis pas en mon duché, je suis simplement le lieutenant Hippolyte. Comme tous les soldats de l’Empire, je cherche simplement quelques loisirs pour mon esprit fatigué de chevauchée. Des loisirs peut-être prosaïques, mais que voulez-vous ? Après un certain temps de service dans l’armée, l’esprit autrefois avide de belles lettres, se contente du plus vulgaire des divertissements."

Souriant avec chaleur, Gabrielle hocha de la tête. Elle comprenait bien ce que voulait dire le militaire. Souvent son frère lui avait envoyé des lettres dans lesquelles il lui expliquait son état d’esprit lorsqu’il rentrait de campagne. A vrai dire, le lieutenant ici présent, n’était pas bien différent de Philippe. Il avait donc certainement les mêmes besoins de divertissement qu’avait eu son ainé.
Décidant de ne rien ajouter, Gabrielle sentit qu’il était temps pour elle de se présenter. Il devait attendre sa réponse depuis assez longtemps. Aussi divulguât-elle son identité, en prenant garde que seul son interlocuteur puisse l’entendre.
Au regard qu’il porta sur elle, Gabrielle comprit qu’il avait déjà entendu parler d’elle. Sans doute était ce des bruits de couloirs qui tournaient autour de la mort prompt et insolite de son futur époux. Elle-même avait entendu des histoires terrifiantes à propos de sa propre vie…
Elle se demandait d’ailleurs, encore souvent, comment elle n’avait pas finit par être enfermée, de peur qu’elle ne s’attaque à quelqu’un d’autre…


- "Je suis enchanté de faire votre connaissance, ma Dame la baronne. C’est en effet fort probable, votre visage me paraît familier. Je dois avouer que je ne suis guère un adepte de ce genre de festivités, mais parfois ma présence est requise, selon le bon plaisir de sa majesté. C’est cependant très étonnant. J’ai eu l’occasion d’avoir de splendides cavalières, et pourtant leurs visages m’échappent aujourd’hui…"

Avec un sourire malicieux, Gabrielle accepta gracieusement de s’asseoir sur la chaise qu’il venait de lui tirer. Apparemment, le jeune homme n’avait pas prit à cœur les rumeurs qui voyageaient à la cour. Sans doute voulait-il se faire sa propre idée sur elle, ce qui le plaça en bonne place dans l’esprit de la jeune femme. Il n’était pas idiot et encore moins craintif, sans doute serait-il de bonne compagnie en ce cas.

- "Madame, arrêtez-moi tout de suite si cela vous paraît réflexion trop audacieuse. Mais je dois avouer que je suis moi-même surpris de voir une dame de votre qualité dans un tel lieu, et ma curiosité est attisée. Vous êtes-vous ici aventurée seule ?"

Baissant les yeux sur son verre, Gabrielle se mordilla la lèvre inférieure. Elle s’était doutée que le duc en viendrait à cette question et pourtant, elle n’avait pas encore réfléchit à ce qu’elle pourrait lui répondre. Elle n’avait aucune raison d’être mal à l’aise, mais sans connaître les opinions du duc sur la taverne, elle avançait en terrain inconnu. Il fallait absolument que le jeune homme ne la prenne pas pour une simple fille de joie portant le titre de baronne. Une bonne réputation pouvait mettre des années à se construire, la sienne n’en était d’ailleurs qu’à de simples prémices et s’il décidait de la détruire, il lui suffirait de quelques mots bien placés dans de bonnes oreilles et s’en était fini pour elle…
Pourtant, après quelques secondes de silence, la jeune femme prit une décision. Sa présence dans cette taverne à cette heure tardive n’avait rien à voir avec sa mission, donc de ce côté, elle ne risquait rien. Quand à sa réputation, elle aviserait en temps et en heure. Pour cette fois, elle ne comptait pas inventer de mensonges pour occulter la vérité. Non seulement, ça n’en valait pas la peine mais de plus, il lui semblait peu probable de pouvoir tromper la clairvoyance de ce lieutenant. Relevant les yeux, elle planta son regard de braise dans les yeux verts qui la fixaient. Nullement agressive dans son attitude, elle sourit en penchant un peu la tête de côté. Comme une enfant prise en défaut, elle n’avait plus qu’à admettre son désir inassouvi de liberté…


« Et bien oui, et je dois vous faire un aveu… Je viens souvent seule en cet endroit… »

Laissant un petit silence ponctuer ses dernières paroles, la jeune femme se demandât si elle en dirait plus au militaire ou si elle cultiverait le mystère. Non, elle ne le forcerait pas à lui tirer les vers du nez en lui posant plus de questions. Elle était d’humeur loquace, aussi irait-elle droit au but tout en offrant à son interlocuteur quelques détails de manière à étancher sa curiosité. Avalant une gorgée de whisky à son verre, elle sentit immédiatement l’alcool lui réchauffer les joues. Rosissant de plaisir, elle reposa son verre avant de reprendre :

« Monsieur le duc, regardez autour de vous… »

Tournant les yeux vers la salle, Gabrielle fit un geste de la main pour lui indiquer qu’elle englobait toute la pièce dans ses paroles. Puis, se penchant un peu plus en avant, comme pour lui faire des confidences, elle reprit dans un murmure joyeux:

« Voyez, ici personne ne joue de rôle. Les femmes qui se trouvent au comptoir n’ont pas de honte à être qui elles sont. Ce sont des catins et bien, soit. Elles assouvissent tous les désirs des hommes, et parfois même des femmes, qui leur donnent la somme qu’elles désirent. Pas de faux-semblants, pas de masques, pas de déception à l’arrivée… Dès le départ, les règles sont fixées et simples. »

Revenant au duc, elle attendit un moment que ses paroles ne s’imprègnent dans son esprit. Puis elle lui indiqua une table à quelques mètres de la leur et reprit la parole avec douceur :

« Quant à ces hommes… Leur vie est probablement plus triste et difficile à vivre qu’on ne pourrait jamais l’imaginer. Quels évènements marquants ont assombris leur regard ? Quelle sombre affaire leur aura couté un bras ? Pourtant, voyez comme dans la douleur ils se soutiennent et gardent courage… »

Souriant avec tendresse, elle se tourna à nouveau vers le duc. Si aujourd’hui elle parlait avec tant de bonté de ces êtres qui à première vue étaient répugnants, c’étaient parce que durant sa jeunesse elle avait côtoyé de près le petit peuple, comme disait son père. Elle avait apprit à voir et à croire en eux. Alors, sur le ton de la confidence, elle apprit à Hippolyte la raison de sa présence dans cette taverne.

« C’est pour ne pas oublier ce qu’est la vraie vie, que je viens ici. Loin des froufrous, du luxe et des plaisirs de la cour. Pour ne pas oublier ce qu’est la simplicité et la chaleur humaine. Et aussi parce que j’aime l’ambiance de cette taverne, je suppose… »

Faisant silence, elle observa à nouveau le duc. Il allait certainement ne pas comprendre qu’une baronne ait pareil discourt, sans doute la prendrait-il pour une hypocrite de vivre dans le luxe de la noblesse et de la juger si sévèrement à la première occasion. Mais c’était là son avis et si l’alcool lui avait certainement plus délié la langue que de coutume, elle ne regrettait pas un mot. Pourtant, joant avec son verre, elle attendit d’entendre le verdict de son compagnon…
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyVen 20 Aoû - 3:13

Le mot « anonymat » le fit grincer des dents. Il se congratula ironiquement intérieurement. Ses grandes allures, exigées par le code de leurs rangs respectifs, dont le duc de Normandie mettait un point d’honneur à respecter, mettait sévèrement en danger la notion d’anonymat. Il restait néanmoins un espoir. Personne ne connaissait le jeune homme, dans la population des clients de la taverne. A la cour, s’il était remarqué, il ne faisait cependant pas encore partie des personnages incontournables, ayant une fonction particulière parmi les autres dignitaires. On pouvait penser que le sire était poli avec les dames, en particulier seules et bien habillées, et que dans son extrême préoccupation du bien-être de ces dames, il lui fasse la conversation, pour chasser d’éventuelles idées noires et la divertir. Au final, cela était un peu le résumé de ce qu’il était. Quand il allait spontanément vers quelqu’un, en essayant de remiser au placard sa timidité naturelle, il se tenait à l’écoute de son interlocuteur, ne se permettait pas une seule exubérance dans son comportement, aucun jugement hâtif, et, adepte de l’Imperum Brevitas, autrement dit, de la concision impériale littéralement, sans se perdre dans des digressions fabuleuses, il tentait d’apporter son aide et de formuler son avis. Il badinait que bien peu souvent, seulement lorsqu’il était d’audacieuse humeur, et jamais sans s’appuyer de son excellente éducation et de son érudition qui était fort plaisante.

Mais il fallait impérativement, dans le cas présent, la rassurer. Aussi attendit-il les faveurs de l’obscurité offertes par le petit coin que lui proposait de rejoindre la jeune femme. Il baissa encore la voix, s’approcha d’elle légèrement, assez pour que rien ne lui échappe, pas assez pour qu’on croit à un complot.

Hippolyte : - Ne craignez rien, mademoiselle. Je pense que l’assistance est suffisamment avinée pour oublier mes ostensibles trahisons à votre anonymat. Trahisons dont je vous présente mes plus plates excuses.

Il porta son regard vert sans aucune indécence sur le visage de la jeune femme, attentif. Lui-même restait impassible. Il savait se tenir à l’écoute des potins de cour, qui reflétait parfaitement la prépondérance des personnages de la cour. Par exemple, lui, pour l’instant, n’avait été la cible que de quelques fades jalousies concernant ses succès sur le champ de bataille, mais, aux côtés de l’Aigle, il y avait tellement à dire sur d’autres héros plus emblématiques que lui. On n’osait pas faire circuler des rumeurs sur son ambivalence physique. Pas encore. Il n’était pas encore assez intéressant. Mais les rumeurs, parfois acerbes, sur la baronne de Colombes, faisaient d’elle, aux yeux du duc de Normandie, une figure à suivre.

Il appréciait son sourire, l’éclat de son regard. En plus des classiques manières de la cour, relativement commune à toute la noblesse qui se pressait aux Tuileries, il y avait une grâce naturelle, quelque chose de spontané, qui ressortait de son être, offrant une sincère originalité à la rigidité des codes, ce qui le poussait à éprouver de la sympathie pour elle. Il restait lui-même chaleureux, cherchant à instaurer un climat de confiance entre eux. Il n’avait pour optique aucun intérêt vicieux à se rapprocher d’elle, juste à avoir une conversation beaucoup plus intellectuelle qu’avec ses camarades dragons, qui devaient être en train de sillonner les bordels de la capitale impériale…

C’est pourquoi le contenu de son discours, concernant la clientèle de ce bar, l’étonna fortement, de façon positive. Il avait, en effet, connu les deux extrêmes en matière de discussion. Les dragons d’un côté, avec leur vulgarité affolante, mais leur courage sans faille, et les discussions superficielles de la cour, superficielles et assassines, guindées, régies par des codes de la rhétorique absurdes, faites d’idées reçues sur la populace. Gabrielle de Manseau venait tout bonnement de s’éjecter de cette sphère classique. Il resta émerveillé du contenu de ce discours, et en resta coi pendant un moment.

Il avait lui aussi balayé la salle de son regard vert, la main posée sur le dossier de sa chaise, et elle avait regardé tour à tour les hommes, les femmes, les matelots de passage, les désargentés qui semblaient mal à l’aise dans ce nouveau milieu auquel ils appartenaient désormais. Et il avait attentivement écouté chacun des mots de la baronne.

Gabrielle : - C’est pour ne pas oublier ce qu’est la vraie vie, que je viens ici. Loin des froufrous, du luxe et des plaisirs de la cour. Pour ne pas oublier ce qu’est la simplicité et la chaleur humaine. Et aussi parce que j’aime l’ambiance de cette taverne, je suppose…

Jaina marqua un temps de réflexion, la tête inclinée vers son verre d’absinthe, qu’elle vida d’une traite. Elle plongea son regard dans celui de Gabrielle. Il était peut-être temps d’abandonner l’Imperium Brevitas et de discourir comme la spontanéité l’exigeait, loin de la rhétorique antique que la jeune femme avait appris en Normandie, auprès de sa mère adoptive.

Hippolyte : - Voilà un discours inédit et des plus intéressants. Et je ne peux que vous donner raison. Il est vrai que je me bats pour l’Aigle. Mais derrière nous, le peuple français. Du plus riche au plus démuni. Parce qu’au final, quand on croise leur regard, on voit le drame de l’existence. Dans la boue des champs de batailles, avec le sang des ennemis de l’Empire sur le visage, je me souviens que je peux les aider. Que Dieu a bien voulu mettre dans ma main un sabre impitoyable et que tant que je reste debout, il y aura toujours un défenseur de la patrie. De la cour, je ne connais que la façade, les codes presque granguignolesques et désuets qui vivent encore au Duché de Normandie.

Il marqua une pause, pensive.

Hippolyte : - En tant que dragon, il m’est arrivé de loger chez l’habitant. Bel euphémisme pour cacher une occupation pure et simple des lieux. J’ai beaucoup appris sur les coutumes régionales. Il était parfois difficile d’engager la conversation avec eux. Mais… Le travail des mains, la science de la nature, l’artisanat, l’amour des choses bien faites et le contentement de peu… Ce sont des choses que nous ne possédons pas. Ou si peu. Et qui sont, ma foi, précieuses.

Il perdit légèrement son regard.

Hippolyte : - Ils sont loin de la fioriture et du faste de la cour. Et, témoin de certaines scènes familiales intimes… J’ai comme l’impression qu’ils ont atteint ce que la vie a d’essentiel. Dans toute sa dureté et sa réalité.

Il hocha la tête pour lui-même. Et sourit à la baronne, doucement.

Hippolyte : - Je ne connais guère cet établissement, mais, pour avoir sillonné l’Empire de long en large, je trouve qu’il a son charme.

Il se tourna vers le tavernier, et un faux mouvement lui arracha un grognement de douleur. Il fit signe à l’homme derrière le comptoir de lui remettre un verre, puis se retourna vers Gabrielle.

Hippolyte : - Pourrai-je vous offrir quelque chose qui vous ferait plaisir, dame ?

Il lui sourit encore, avec bienveillance. Il appréciait la présence de la jeune femme, quelque chose de bien plus doux que ce qu’elle avait vécu ces derniers mois, à galoper sur les frontières du glorieux empire français, bien plus agréable et intéressante. Il n’avait pas beaucoup de conversation, et espérait pourtant rester encore un moment à ses côtés.
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyLun 23 Aoû - 3:20

- "Ne craignez rien, mademoiselle. Je pense que l’assistance est suffisamment avinée pour oublier mes ostensibles trahisons à votre anonymat. Trahisons dont je vous présente mes plus plates excuses."

Acquiesçant avec douceur, Gabrielle n’ajouta pas un mot, elle ne pouvait-être qu’en accord avec les propos du duc. De plus, elle ne pouvait plus lui en vouloir, étant donné la réelle attention qu’il lui portait. Après tout, il aurait très bien put la juger bien immature de vouloir se faire passer pour ce qu’elle n’était pas, mais au contraire, il semblait respecter son désir. Et celui qui passait pour agréable jusque là, devint très vite sympathique à ses yeux.
Et pourtant, si la jeune femme se souvenait bien, certaines femmes l’avaient souvent jugé comme étant un homme plutôt froid, voir même distant. Mais peut-être était ce en réaction à un rejet du jeune homme… Comment savoir ? Les femmes de la cour étaient toutes des langues de vipères… C’est pourquoi, Gabrielle s’était jurée, à son arrivée même, qu’elle ne leur porterait qu’un faible intérêt. Assez pour être au courant des dernières rumeurs, mais jamais pour se forger son opinion sur qui que ce soit… Et puis, il était toujours bon d’apprendre ce qu’on disait de sa personne…

C’est pourquoi, au fil de ses paroles, elle se contenta de garder en mémoires les manières et mimiques de on interlocuteur. C’était sans doute ce qui la guiderait au mieux pour deviner ce qu’il penserait d’elle et de sa position face au peuple. Mais si le duc était un homme du monde, son visage était aussi celui d’un lieutenant. Il était donc bien difficile de lire en lui comme dans n’importe qui d’autre. S’il lui avait semblé attentif à ses paroles, le reste de ses sentiments étaient restés caché à la baronne. Se perdant un moment dans l’océan vert des yeux du jeune homme, il lui sembla l’espace d’un instant découvrir une étincelle de surprise. Cela avait été si court qu’elle ne saurait elle jurer mais en même temps, il s’agissait là d’une réaction plutôt normale face à ses paroles. Après tout, combien de membre de la haute noblesse étaient encore capable de reconnaître la beauté, la force et les qualités du petit peuple ? Gabrielle n’en connaissait que très peu, voir même pas du tout.


- "Voilà un discours inédit et des plus intéressants. Et je ne peux que vous donner raison. Il est vrai que je me bats pour l’Aigle. Mais derrière nous, le peuple français. Du plus riche au plus démuni. Parce qu’au final, quand on croise leur regard, on voit le drame de l’existence. Dans la boue des champs de batailles, avec le sang des ennemis de l’Empire sur le visage, je me souviens que je peux les aider. Que Dieu a bien voulu mettre dans ma main un sabre impitoyable et que tant que je reste debout, il y aura toujours un défenseur de la patrie. De la cour, je ne connais que la façade, les codes presque granguignolesques et désuets qui vivent encore au Duché de Normandie."

A l’écoute du discours du duc, Gabrielle écarquilla légèrement les yeux. Alors comme ça, cet homme de haute lignée la comprenait. Plus même, il était en accord avec elle. La jeune femme s’était attendue à beaucoup de réaction de sa part, mais celle-ci était la dernière à laquelle elle s’était préparée. Déjà tous les arguments qu’elle avait préparés lui échappaient, comme une bulle de savon qui aurait rencontré un cactus.
Pourtant, le duc avait raison, lorsqu’il se battait pour l’empereur, il le faisait aussi au nom du peuple français. En passant par les plus démunis, les malades, les représentants du clergé, etc.

Ne prononçant pas un mot, la jeune femme se contenta d’écouter le lieutenant. A ses paroles, elle ne faisait qu’entendre son approbation par des mimiques, des soupirs ou des hochements de tête. C’était comme revivre les soirées d’hiver de son enfance. Durant cette saison, les sorties nocturne étaient impensables, dès lors d’autres occupations étaient à envisager. Et quoi de plus intéressant que de bavarder avec Philippe.
Alors, son frère et elle, se mettaient à discourir sur les bons et mauvais côté du pays. Sur ce qu’ils voulaient faire changer, sur ce qu’il ne fallait surtout pas abandonner… Jusqu’à ce que leur père ne vienne leur dire qu’il était grand temps qu’ils rejoignent chacun leur chambre…
Oui, écouter Hippolyte, c’était un peu pareil. Son esprit était aussi ouvert et réfléchit que ne l’avait été celui de son frère. Ses paroles semblaient être pesées et assumées.


- "Ils sont loin de la fioriture et du faste de la cour. Et, témoin de certaines scènes familiales intimes… J’ai comme l’impression qu’ils ont atteint ce que la vie a d’essentiel. Dans toute sa dureté et sa réalité."

Après un court moment à se laisser imprégner des dernières paroles du duc, Gabrielle sortit de son état silencieux. Elle devait bien l’admettre, il avait fait une forte impression sur elle. Et jamais, elle n’aurait imaginé qu’un homme au service de l’empereur pourrait avoir des raisonnements aussi proches des siens. Du coup, durant quelques secondes, elle aurait presque oublié qu’ils faisaient tout deux parties de clans radicalement opposés… Mais si c’était le cas, elle finirait par en comprendre la raison…

« Je dois avouer que vous m’impressionné monsieur le duc…Il est rare que des hommes de votre statuts aient pareil discours… »

Elle aurait aimé lui demander de quelle manière il en était venu à ce raisonnement. Mais il lui semblait que poser des questions sur ce sujet la ferait entrer dans les secrets trop intimes du jeune homme. Après tout, en ce qui la concernait c’était grâce à son enfance qu’elle avait apprit à connaître la vie des paysans. C’était en vivant avec leurs enfants qu’elle avait découverts leur valeur… Mais lui ? Le duc de Normandie, qu’est ce qui avait bien pu le mener vers le petit peuple ?
Se rendant tout à coup compte qu’il avait reprit la parole, elle sortit de ses songes pour l’écouter avec un peu plus d’attention.


- "Je ne connais guère cet établissement, mais, pour avoir sillonné l’Empire de long en large, je trouve qu’il a son charme."

Penchant un peu la tête de côté, elle observa un instant le militaire, puis laissa ses yeux planer tout autour de leur table. Elle ne savait dire ce qui lui plaisait tant en ces lieux.
Cette taverne n’en était qu’une parmi tant d’autre à Paris, pourtant c’était bien la seule que la jeune femme fréquentait. Ce ne pouvait pas être dut au parfum des lieux car perpétuellement enfumée la taverne semblait posséder des relents de cadavre et de tabac froid. Quant à la pièce en elle-même, elle était toujours emplies de voyageurs venus de tout le pays, de voleurs ou d’assassins offrants leur service ou encore d’honnêtes hommes de retour d’un travail harassant. Oui, cette taverne était un lieu tenu par un homme, pour les hommes. Et peut-être était ce justement parce qu’elle n’y avait pas sa place, que Gabrielle s’y sentait si bien…


« Un charme bien étrange… Mais ce sont parfois ceux là qui retiennent vraiment mon attention… »

L’observant tout en parlant, elle se rendit compte qu’il en était de même en ce qui concernait cet homme. Ce qui faisait qu’un jour elle l’avait suivit du regard, c’était bien son charme étrange. Comme à double identité. Un côté indiscutablement masculin et un autre qui lui offrait la finesse d’une femme…
Ne voulant pas le mettre mal à l’aise, la jeune femme s’arrangea pour cesser de le dévisager sans pour autant donner l’impression que son regard se faisait fuyant. Cherchant rapidement de quoi détourner la conversation, elle murmura rapidement :


« … Et vous, monsieur le duc ? Si ce n’est pas trop indiscret, Qu’est ce qui a bien pu vous attirer en cet endroit ? »

Surprise par le grognement de son interlocuteur, Gabrielle prit conscience qu’il était possible qu’il ne soit pas revenu depuis longtemps d’une mission. Et maintenant qu’elle y faisait attention, il lui semblait que cet homme n’était pas en pleine possession de ses moyens. Et pour s’être formée à la médecine étant plus jeune, elle pouvait certifier que cet homme avait été blessé récemment. Et à en croire la tension qui régnait dans son dos, la blessure devait s’y trouver. Pourtant, elle ne dit rien car le jeune homme venait de lui poser une question.

- "Pourrai-je vous offrir quelque chose qui vous ferait plaisir, dame ?"

Avec lenteur, la jeune femme baissa les yeux sur son verre. Elle n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait fini tout en l’écoutant. C’était bien elle, ce genre d’inattention. Lorsqu’elle était passionnée par quelque chose, tout le reste du monde disparaissait à son profit. Et dans le cas présent, c’était son verre qui en avait fait les frais. Pourtant, si elle ne s’était pas rendu compte qu’elle en avait avalé le liquide, sa gorge en avait gardé la trace brulante et l’arôme particulier. Hésitant à reprendre la même boisson, Gabrielle se rendit bien compte qu’en cet endroit il existait peu de boissons non-alcoolisées. Or, elle n’était pas là pour faire sa maniérée. Et deux verres de whisky ne la rendraient pas saoul, au point d’en perdre tout contrôle.

« J’apprécierais un whisky, merci… Celui qui est servit dans cette taverne possède un arôme unique…»

Pendant un moment, Gabrielle n’ajouta rien. Pensive, elle n’osait pas poser la question qui lui trottait dans la tête. Elle avait beau se dire que tout cela ne la regardait absolument pas, mais son naturel lui ordonnait de vérifier au cas où elle devrait s’en charger elle-même… Après tout, en ayant été formée, elle s’était promis d’aider toutes personnes qui le requerraient.

« Je vais certainement vous sembler indiscrète et je m’en excuse, mais je me dois de vous poser la question… Avez-vous déjà fait présenter votre dos à un médecin ? »

Elle se mêlait de chose qui ne la regardait absolument pas. Mais une blessure de guerre s’infectait souvent plus vite que n’importe quelle autre. Car la plupart du temps, les hommes attendaient leur retour pour se faire examiner, sans parler de ceux qui préféraient ignorer la douleur…
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyLun 23 Aoû - 13:41

C'était la première fois. Jaina était comme estomaquée. Oh bien sûr, elle avait déjà assisté, en tant qu'Hippolyte, comme en tant que femme, à de nombreuses conversations, entre membres de la noblesse, dans les salons, lors des bals, des fêtes données en l'honneur de tels évènements. Elle avait toujours fait bonne figure, restant à sa place, jouant son rôle à la perfection. Tantôt honnête homme au sourire mystérieux, tantôt jeune demoiselle effacée et introvertie. Même dans les réunions prétendues intellectuelles, réunissant les figures littéraires et les têtes pensantes de l'Empire, les philosophes et les gens éclairés, elle s'était toujours solidement ennuyée pendant ces discours théoriques. Les soi-disant discours rhétoriques soutenus par les participants n'étaient au final que des monologues pédants, des aphorismes frisant le ridicule ou le banal, des critiques démagogiques et molles, à celui qui faisait le plus d'oxymores dans les phrases. Jaina en avait été écoeurée. Et quand il ne s'agissait pas de littérature ou d'Idées, elle était confrontée avec le navrant discours superficiel de la haute société impériale. Et voilà donc que pour la première fois, quelqu'un, qui pourtant appartenait à son rang, osait apporter des idées nouvelles dans le discours, et des idées pleines de bon sens. De surcroît, non pas à propos de leur monde, celui des mondanités et du faste, mais du monde qui les entourait, de cette société grouillante qui peuplait les rues de Paris. C'était une réelle bénédiction pour lui, un émerveillement de chaque instant. Plus la discussion progressait, plus le jeune homme était positivement intrigué par cette femme, ce qui poussait donc son intérêt encore plus loin.

Pendant ses campagnes militaires, au milieu des dragons, il n'avait jamais eu de plaisantes conversations. Tout au plus quelques congratulations sur les prises du jour, les victimes de son sabre effilé. Des plaisanteries, des anecdotes sur les coutumes locales des lieux d'origine des soldats. Mais des observations justes sur la société, jamais. Dès le premier regard, devant le beau visage à la pâleur discrète de la jeune femme, il avait ressenti de l'attrait pour elle. Tout simplement parce qu'elle l'avait reconnue dans cet endroit perdu et qu'elle lui avait semblé être comme un point d'attache, quelqu'un à qui se rattacher pour ne pas sombrer dans l'isolement. Non pas que cela le dérangeait, mais après autant de temps passé à chevaucher, à chanter sous la bannière de l'Empire, pouvoir parler à quelqu'un, pouvoir faire connaissance, était quelque chose de plus qu'agréable. Désormais, ce n'était plus simplement un vague attrait, mais bien de la sympathie, et, le Duc devait l'avouer, de l'admiration pour elle : elle lui avait donné le fond de sa pensée, une pensée audacieuse pour quelqu'un de son rang, sans chercher à lui mentir ou à la nuancer, alors qu'elle ne le connait pas. D'autres nobliaux se seraient offusqués, l'auraient publiquement traitée d'idiote et de jacobine. Bien loin de lui cette idée.

Il voyait bien, aux charmantes mimiques de son interlocutrices, à sa façon de l'écouter et de le dévisager tandis qu'il argumentait, qu'elle était aussi étonnée que lui, de voir la tournure de leur discussion. Il tâcha de masquer le léger rouge qui montait à ses joues, mais il était flatté qu'elle le considère ainsi. Qu'elle l'écoute ainsi. Et qu'elle daigne lui accorder cette confiance. Nombre des femmes qui l'avaient abordé dans cet accoutrement n'avaient qu'une idée en tête : le séduire et contracter un juteux mariage avec lui. Son duché était une belle pièce héritée de l'Ancien Régime, et de solides alliances le liaient avec le Vexin et le Bessin, deux régions frontalières de son territoire. Elles l'agaçaient de leurs rires ridicules, de leur inculture et de leur audace à ainsi considérer le duc de Normandie comme un vulgaire papier pour les arranger. Bien sûr, par la loi salique de son duché, il était un papier qui leur octroyait un titre pédant. Mais il n'était pas que cela. Il savait que si, un jour, il ou elle devait se marier avec quelqu'un, en tout cas s'attacher à quelqu'un, ce serait pour découvrir son être, pour le protéger, le chérir, l'aimer simplement et sincèrement, et non le délaisser et l'autoriser à la débauche. Jaina soupira intérieurement. Malgré ses désirs, elle savait que c'était tout simplement impossible et que tout cela lui était interdit, n'en déplaise à ses prétendantes.

Il souriait à la jeune femme, tandis que la conversation se poursuivait. Il se disait que la jeune femme pourrait pousser son étonnement au point de lui poser la question de l'origine de cette ouverture d'esprit. Il n'y avait jamais vraiment pensé. Peut-être était-ce une simple soif de connaître le monde, les gens, quels qu'ils soient, de comprendre comment, dans l'adversité et le dénuement, le genre humain pouvait-il trouver l'espoir, comment un homme, qui n'a plus rien, peut encore trouver les ressources pour tenir debout, face à l'ennemi, dans son coeur, les souvenirs des siens, de ses frères tombés, d'une femme aimée restée derrière lui... Il ne savait pas vraiment.

Gabrielle : - Je dois avouer que vous m’impressionnée monsieur le duc…Il est rare que des hommes de votre statut aient pareil discours…

Hippolyte eut un sourire sur lequel on pouvait lire une légère trace de sa timidité. Il regarda un instant ses mains avant de répondre à la baronne de Colombes.

Hippolyte : - Je n'aurais pas la prétention de ne pas être comme tous les autres hommes de mon rang. Mais je suis également autre chose. Un simple homme, qui cherche la place qui lui déchoit. Sur les champs de bataille, j'ai vu des coeurs bien plus vaillants que ceux qui se pressent dans les salons. Ces coeurs appartenaient à des petites gens. Et ces petites gens étaient mes frères. Leurs cadavres reposaient auprès des cadavres des nobles. Alors pourquoi s'entêter à nous enseigner le mépris des petites gens, alors que la bravoure et la mort ne font pas de discriminations ?

Il marqua une légère pause.

Hippolyte : - Cela étant, j'entends bien ne pas soutenir que tous sont de braves gens. Il y a les brigands, les criminels, les menteurs et les voleurs. Mais nous avons les mêmes, par chez nous. Sauf qu'eux, on les voit moins.

Il esquissa un léger sourire en coin. Gabrielle fit une nouvelle remarque sur le charme discret et tacite de l'endroit. Jaina ne put qu'approuver. Ce n'était finalement qu'un sentiment. Le sentiment était quelque chose qui vous frappait, sans que vous ne puissiez expliquer pourquoi. Une sorte d'intuition, qui vous fait vous exclamer d'une chose qu'elle est belle, qu'elle est bonne, ou qu'au contraire, qu'elle est menaçante. Elle balaya de nouveau la salle du regard, tranquille. Quand elle se retourna, le regard encore plein de ses réflexions, elle vit que Gabrielle l'observait. Elle resta un instant saisie, essayant de ne rien laisser trahir sur son visage aux traits fins. Pendant l'espace d'une seconde terrible, elle eut la conviction que son secret était en danger. Non, c'était impossible. Personne n'avait su la démasquer auparavant. Bien heureusement pour elle, Gabrielle était aussi gênée qu'elle, et trouva un habile moyen de détourner la conversation.

Gabrielle : - … Et vous, monsieur le duc ? Si ce n’est pas trop indiscret, qu’est ce qui a bien pu vous attirer en cet endroit ?

Il joua pendant une seconde avec son verre vide entre ses doigts fins et blancs.

Hippolyte : - Oh, trois fois rien, j'étais en train de errer dans les rues de Paris, sans réel but. Pour tout vous dire, je n'ai guère envie de retourner à la caserne. J'envisage de prendre une chambre à un hôtel. Alors que j'en cherchais un, la lumière de cet établissement, et la rumeur familière de la foule, m'ont attiré, et je...

Il s'interrompit avec une légère grimace, qui se résuma à un froncement de ses sourcils. En s'animant pour parler, il avait frotté son dos blessé sur le dossier râpeux de la chaise.

Hippolyte : - Je suis entré.

Alors qu'il bougeait lentement pour tenter de s'extirper de la prise du bois contre sa redingote, il sentit quelque chose suinter sur sa peau. Il déglutit discrètement. Qu'était-ce que cette douleur qui commençait à sourdre?

Gabrielle : - J’apprécierais un whisky, merci… Celui qui est servi dans cette taverne possède un arôme unique…

Il se força à reporter toute son attention sur la jeune femme, tout en essayant de lui sourire. Il fit signe au tavernier, d'un geste un peu raide. Jaina sentait bien que sa couverture était mies à mal, et que son état physique devenait de plus en plus évident. Elle jura intérieurement. Oui, ils reprendraient deux whisky. Il allait se faire une joie de tester cet alcool, dont la jeune femme vantait les mérites gustatifs. Alors qu'on venait les servir et débarrasser les autres verres, Jaina surprit de nouveau le regard de Gabrielle.

Gabrielle : - Je vais certainement vous sembler indiscrète et je m’en excuse, mais je me dois de vous poser la question… Avez-vous déjà fait présenter votre dos à un médecin ?

Hippolyte baissa les yeux, une seconde. Il se fit hésitant.

Hippolyte : - Oui, en début d'après-midi, après avoir visité les thermes. Un chirurgien, le premier que j'ai croisé, en fait. Mais enfin... Ca ne doit pas être si grave que cela.

Il eut un léger rire gêné et reporta son attention sur le verre de whisky qui venait de lui être servi, comme si ce dernier avait représenté soudain un intérêt des plus vifs. Il remarqua alors que le monde vacillait légèrement, ce à quoi il réagit avec un léger froncement de sourcils. Comment donc un coup de poignard pouvait-il autant l'affecter? Il avait pourtant soigné la plaie... Comme il l'avait pu, avec les moyens du bord, puis il avait attendu quelques jours avant d'aller voir un chirurgien... Il se maudit intérieurement, son imprudence pourrait mettre une fin prématurée à leur entrevue si intéressante.

Un nouvel éclair de douleur le traversa, et, instinctivement, il saisit la main de Gabrielle de sa main tremblante, et lui dit :

Hippolyte : - Cependant, je vous remercie de vous inquiéter pour moi, je n'en ai guère l'habitude...

Il serrait les dents. Vite, comment prendre congé de la jeune femme sans lui faire croire qu'elle l'importunait, ou en cachant son mauvais état physique? Son esprit était en ébullition, mais le froid qui commençait à l'envahir l'empêchait de produire la moindre réflexion rationnelle plausible.
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Gabrielle de Manseau
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MessageSujet: Re: Rencontre inattendue [libre]   Rencontre inattendue [libre] EmptyVen 27 Aoû - 12:01

- "Je n'aurais pas la prétention de ne pas être comme tous les autres hommes de mon rang. Mais je suis également autre chose. Un simple homme, qui cherche la place qui lui déchoit. Sur les champs de bataille, j'ai vu des coeurs bien plus vaillants que ceux qui se pressent dans les salons. Ces coeurs appartenaient à des petites gens. Et ces petites gens étaient mes frères. Leurs cadavres reposaient auprès des cadavres des nobles. Alors pourquoi s'entêter à nous enseigner le mépris des petites gens, alors que la bravoure et la mort ne font pas de discriminations ? "

Le duc semblait être homme modeste, pourtant, aux yeux de Gabrielle, il aurait put éprouver de la fierté pour sa propre personne. Peu d’homme avait un jour réussit à impressionner la comtesse. Ils étaient tous trop orgueilleux, irrespectueux, misogyne ou peureux. Bref, pas à la hauteur de ses attentes. Mais sans doute était-elle, elle-même, trop critique…
Seuls quelques hommes avaient trouvé grâce à ses yeux et jamais, ils n’étaient redescendus de l’estrade sur laquelle, Gabrielle les avait placés. Mais sans doute était-ce parce qu’ils avaient trop durement gagné cette place et que seuls des hommes vraiment dignes de ce privilège, auraient pu le gagner.

Ne se comportant pas comme les femmes de ce monde, en se permettant de critiquer les hommes, Gabrielle s’était donc souvent attirer des remarques cinglantes. Souvent, des gens bien pensants s’étaient permis de lui rappeler sa condition et ce qui lui incombait de ce fait. Les femmes n’étaient pas censées penser ou agir dans un but autre que celui qui leur était donné. S’occuper des domestiques, de la demeure et de la progéniture. Voilà tout ce dont elles devaient se soucier. Autant dire, rien de ce à quoi la jeune femme ne faisait attention. A ce jour, elle ne s’intéressait qu’aux plantes médicinales, à la lecture, et aux affaires d’état. Certaines activités devaient rester secrètes, les autres étaient exposées aux yeux des autres dans le seul but de bien faire comprendre son refus de se plier aux règles.


- "Cela étant, j'entends bien ne pas soutenir que tous sont de braves gens. Il y a les brigands, les criminels, les menteurs et les voleurs. Mais nous avons les mêmes, par chez nous. Sauf qu'eux, on les voit moins. "

Acquiesçant aux propos du lieutenant, Gabrielle sourit. Elle appréciait les paroles censées du militaire. Il avait l’esprit vif et loin d’être englué dans les lois du grand monde. Du coup, il devait souvent passer pour un individu hors de contrôle et dérangeant aux yeux de certain. Il était exactement le style d’homme qui valait le détour. Simplement pour sa force de caractère et son intelligence. Gabrielle était d’ailleurs satisfaite de l’avoir rencontré, d’avoir exposé le plus sincèrement possible son avis. Car, à présent, ils discutaient sans gêne de la France et de son peuple…

« Vous avez raison, il existe très certainement des individus de cette caste à la cour. Et je pense que si leur déguisement est plus élaboré, leurs crimes révèlent toute la noirceur qu’ils cachent si bien… »

Laissant un court silence s’installer, la jeune femme avala une nouvelle gorgée à son verre. Puis, tandis qu’elle reposait son verre, un éclat de malice illumina son regard, tandis qu’un sourire malicieux se dessinait sur ses lèvres. Et d’une voix amusée, elle dit alors dans un murmure :

« D’ailleurs ne dit-on pas à la cour que l’homme que je devais épouser, est mort dans des circonstances plus que douteuses ? Et qu’il est plus que probable que j’y sois mêlée de près ? Peut-être devriez vous vous méfiez monsieur le duc, qui sais si je ne me promène pas avec une dague sous mon jupon…»

Se mordillant la lèvre inférieure, la jeune femme ne put retenir un léger rire aux teintes cristallines. Elle s’imaginait dans des histoires d’espionnages d’un autre temps. Oui, cette histoire lui semblait si lointaine que lorsque des rumeurs sur le possible meurtre de son « époux » courraient, elle en riait.
Oh, elle n’avait pas oublié qu’elle c’était réellement de sa faute si le vieillard était décédé, mais il lui semblait qu’elle lui avait simplement donné un petit coup de pouce. Avançant de quelques heures son trépas. Et au lieu d’être la veuve d’un général, elle était toujours la comtesse de Colombes. Vieille fille, mais heureuse comme ça. Mais après tout, à vingt-quatre ans, il lui restait encore toute la vie devant elle pour changer cet état de chose… Du moins, l’espérait-elle en son fort intérieur.
Elle ne se considérait donc pas comme une criminelle et encore moins comme une espionne car pour le moment, il ne lui semblait pas que sa situation soit en mouvement. Du coup, sans avoir l’impression de mentir, elle pouvait très bien se moquer de la rumeur de qui faisait d’elle une criminelle en fuite. Et quoi de mieux pour cacher la nature réelle de ses engagements ?


Cependant, ce soir, il lui semblait qu’elle jouait constamment à l’espionne. Et si tel n’était pas le but, elle posait peut-être trop de question à son interlocuteur. Et si cela ne semblait pas le mettre mal à l’aise, ce n’était vraiment pas une rencontre dans les règles. Une femme de bonne éducation se serait montrée discrète et délicate, laissant à l’homme le soin de prendre les rennes de la conversation. Contrairement à ce qui se passait à ce moment précis. Et quand Gabrielle ne menait pas la discussion, elle se contentait d’observer sans détour le militaire qui lui faisait face. Et s’il ne disait rien, dans son regard, parfois des vagues de timidité ou d’affolement inondaient ses prunelles vertes. A ces manifestations, Gabrielle réagissait en détournant es yeux et la conversation…
Ce qu’elle fit de nouveau tandis qu’elle lui demandait ce qu’il faisait dans cette taverne. Cela n’avait rien de très subtile, mais, enfin, ce n’était pas le but. Le but étant de ne pas laisser un silence gêné s’installer suite à son observation intempestive. Ecoutant sa réponse, la jeune femme se rendit compte qu’il s’agissait d’un véritable coup du hasard qu’il se soit rencontré. Ni l’un ni l’autre ne s’était préparé à ça, mais sans doute une raison qi leur échappait encore œuvrait en secret pour les réunir… Et Gabrielle espérait que ce serait à son avantage plutôt qu’à l’inverse car elle ne désirait pas se mettre cet homme à dos.


-" Oh, trois fois rien, j'étais en train de errer dans les rues de Paris, sans réel but. Pour tout vous dire, je n'ai guère envie de retourner à la caserne. J'envisage de prendre une chambre à un hôtel. Alors que j'en cherchais un, la lumière de cet établissement, et la rumeur familière de la foule, m'ont attiré, et je... Je suis entré."

C’est alors qu’elle remarqua le premier signe du mal qui le rongeait alors qu’il semblait finir sa phrase avec difficulté. Cet infime changement au niveau de sa voix eut l’impact d’un éclair aux oreilles de Gabrielle. Elle n’aurait su encore dire ce qui avait provoqué ce changement, mais il lui semblait que le duc était bien moins à l’aise que quelques minutes plus tôt.
Sans rien dire, elle se dit qu’il faudrait qu’elle fasse attention pour guetter le moindre signe qui confirmerait ses soupçons. Acceptant qu’il lui offre un whisky, elle observa ses gestes raides et son visage qui tout à coup semblait plus fermé que précédemment. Et attendant qu’on vienne apporter leur commande, elle ne dit rien. Jusqu’à ce qu’elle ne tienne plus et lui pose la question qui lui brûlait les lèvres.
Et si elle n’était pas certaine qu’il lui réponde, son attitude fut assez éloquente pour qu’elle en tire ses propres conclusions. Et suite à quelques seconde d’hésitation, le duc lui dit alors :


- "Oui, en début d'après-midi, après avoir visité les thermes. Un chirurgien, le premier que j'ai croisé, en fait. Mais enfin... Ca ne doit pas être si grave que cela. "

Plutôt mal à l’aise face à cette révélation, Gabrielle baissa les yeux. Depuis que Paris était devenu si peuplé, des charlatans en tout genre œuvraient sans être inquiété. Et les mauvais médecins, chirurgiens ou encore, pharmaciens étaient monnaie courante par ici… Si bien qu’il était préférable de se faire soigner par quelqu’un qu’on connaissait ou quelqu’un qui soit chaudement recommandé par une personne de confiance. Or, le duc s’était probablement fait recoudre par un homme sans expérience qui n’avait même pas stériliser ses instruments… suivant du bout des doigts les nervure du bois de la table, la jeune femme essaya de se rappeler quel médecin pouvait bien travailler du côté des termes. Et plus elle essayait de se concentrer et moins il lui semblait connaître une personne de confiance en ces lieux. Mais, enfin, elle ne pouvait pas non plus dire qu’elle se rendait souvent dans ce quartier… Sentant tout à coup qu’Hyppolite lui avait saisit la main, elle leva les yeux vers lui sans hésitation. Elle n’allait quand même pas le laisser dans cet état.

- "Cependant, je vous remercie de vous inquiéter pour moi, je n'en ai guère l'habitude..."

D’un signe de la tête, elle signifia que ce n’était rien. Elle ne doutait pas qu’un homme tel que lui ne laissait entrevoir ses faiblesses que lorsqu’il y était obligé. Il devait donc atrocement souffrir…
Observant avec attention le jeune homme, Gabrielle remarqua certains signes qui laissaient entrevoir la douleur qu’il vivait à ce moment précis. Tous ses muscles du visage semblaient tendus à l’extrême, sa mâchoire était crispée et quand à sa peau, elle semblait aussi pâle qu’un rayon de lune.
Des malades, elle en avait rencontré en grand nombre durant les quelques mois durant lesquels elle avait parfait son apprentissage. Et s’il y avait un don qu’elle possédait, c’était bien celui de deviner la douleur des autres au travers de leur regard. Serrant un peu la main du jeune militaire, elle pencha la tête de côté pour rencontrer son regard.


« Si vous le désirez, monsieur le duc, je possède dans ma pochette, une plante qui pourrait faire retomber la douleur… Connaissez-vous la reine des prés ? Elle ne soignera pas diretement votre blessure, toutefois vous ne souffrirez plus jusqu'à ce qu'elle ne fasse plus d'effets... »

Gabrielle espérait qu’il accepterait son aide, cependant, elle devait bien admettre que s’il avait été mal soigné, son remède ne ferait que lui donner un peu de temps pour trouver un bon médecin. L’idéal serait qu’elle puisse jeter un coup d’œil sur la blessure, mais qui était-elle pour lui faire pareille proposition ?
Heureusement, jamais elle ne se séparait de son matériel de premiers soins. Elle ne possédait que des bases naturelles, mais dont la puissance était reconnue de tous.
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